Et si la femme est devenue sa propre ennemie?
By Jeanine Hage - Avril 2012
En un samedi matin pluvieux, confortablement installée dans mon fauteuil avec une tasse de thé dans la main, je parcours le blogue de Forbes.com, la section Gestion. Je tombe sur un article qui parle des stéréotypes qui collent aux femmes d’affaires au pouvoir. L’article classe les stéréotypes dans dix catégories, où la plupart de nous nous sommes retrouvées à être classées à un moment ou un autre de notre carrière.
Ce qui m’a d’abord frappée est le fait qu’on parlait toujours de stéréotypes envers les femmes au XXIe siècle en Amérique du Nord. Je pensais que la femme a parcouru un bon bout de chemin tout de même et que des stéréotypes, tels qu’une femme qui s’affirme, qui est forcément « émotive », « une reine de glace » ou « masculine », ont été relégués aux pages de l’histoire. Or, il parait qu’il reste du travail à faire dans ce combat…Comment? Du coup, je rentre en mode solution en ce samedi matin (appelez ça une déformation professionnelle).
Étant une personne qui croit fermement qu’un changement indubitable ne s’effectue que s’il provient de l’interne, j’estime que l’effort de se débarrasser de ces stéréotypes envers les femmes d’affaires accomplies doit venir de la femme elle-même. Si la femme espère que ces stéréotypes tombent tout seuls comme par magie, ou que les autres, soient les hommes, la société, le système ou ce mystérieux et fameux « on », les enlèvent, elle risque d’attendre longtemps. Dans sa quête et son combat pour avoir sa place autour de la table, la femme a la responsabilité de se regarder dans le miroir et de se poser les questions suivantes : Et si elle détenait la solution de ce problème? Et si, en ignorant qu’elle tient en main la clé de la solution, elle contribue sans le savoir à son propre malheur?
Je pense à ces deux premiers pas dans ce merveilleux débat.
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Reconnaître que le groupe qui perpétue ces stéréotypes envers les femmes comprend des femmes dans ses rangs. Les femmes se jugent entre elles, et souvent durement. Combien d’entre nous ont pensé ou dit (ou entendu une amie l’affirmer) qu’elle préfère que son patron soit un homme plutôt qu’une femme? Reconnaitre que la solidarité féminine est très timide dans le milieu des affaires est un premier pas.
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Par où commencer? Les femmes n’ont pas à réinventer la roue, nous avons la solution, nous l’avons toujours eue…Partageons nos recettes, échangeons notre kit de maquillage, promenons nous bras dessus dessous…ou dans un jargon d’affaire, le mentorat! Les magazines de gestion parlent abondamment de ce sujet. Les hommes dans le milieu des affaires se soutiennent, fournissent du mentorat à des protégés plus jeunes et poussent en avant les jeunes ambitieux dans leur carrière. Les gourous de la gestion confirment que les hommes ne donnent pas la même chance aux femmes dans les organisations. Or, les femmes qui ont réussi à atteindre des postes supérieurs le font-elles? Une femme gestionnaire choisit-elle une jeune ambitieuse pour la pousser en avant dans sa carrière et lui fournir du coaching en matière de navigation dans les dédales organisationnels? Le mentorat entre femmes existe-il aujourd’hui?
En quittant le groupe qui maintient ces stéréotypes en place et en faisant front commun par la solidarité et le mentorat, les femmes n’auront pas à combattre la liste effrayante des clichés cités sur le blogue. En fait, nous nous en débarrasserons lentement mais sûrement sans perdre de vue le rôle de nos alliés dans ce combat, nos collègues masculins qui rejettent ces stéréotypes, et nos partenaires de vie qui nous soutiennent avec leur foi en nous et leurs conseils précieux.
En déposant ma tasse de thé, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander, avec un sourire aux lèvres, de quoi aurait l’air une liste de stéréotypes envers les hommes? Serions-nous plus clémentes, la plume à la main?


